BLASE : LE GRAND DÉTOURNEMENT
Article de Franky Dardard sur Je fais le guet
C’est un artiste original qui s’amuse à détourner les créations de peintre pour en faire des œuvres uniques. Une seconde vie, voir une seconde peau pour ces tableaux.
Après des études en histoire de l’art, Blase se prend de passion pour les techniques des maîtres anciens et leur pratique. Trouvant son inspiration sur les marchés aux puces, il collectionne les tableaux de petits maîtres oubliés et souvent en piteux état.
Blase décide de se les réapproprier afin de mieux les secourir. Leur insufflant un sens nouveau et résolument moderne. Dans quelques décennies, des historiens du dimanche trouveront sans doute des théories fumeuses pour tenter d’expliquer ses tableaux…
De la tristesse d’un happy meal, aux lassitudes de nos superhéros, Blase se fait un plaisir de nous dire nos vérités, par des chemins de traverses, et d’en rire, jaune, rouge, vert, bleu, pour sortir de notre condition primaire, et nous rappeler le propre de l’homme ici ré-enchanté.
Dans son atelier du South Pigalle, comme on dirait en Amérique, se mêlent tableaux du XIXème en voie de reconversion, et posters de street art, classiques qu’il collectionne et gadgets de notre temps, le tout dans un chaudron magique, une fabrique d’intemporel, auquel aspire (avec un succès frondeur) sa création artistique.
Alors que l’art contemporain s’affaisse et s’affecte, ce hacker s’affaire à en découdre avec la toile, la retend, et lui rend coup pour coup, à l’huile de coude et de pigments, un éclat, un nouveau souffle. Grâce à ces détournements, qui nous remettent en piste.
Faire du contemporain sans photo-gonflette, ni drôle d’impression 3D, mais avec de l’huile et des pinceaux, de l’éloquence avec ces discrets personnages du passé, de la vanne implacable avec un sérieux évangélique, c’est par cette culture du paradoxe que Blase disloque et résout nombre de nos énigmatiques contradictions, avec joie et délectation. Désordre joyeux dans nos esprits cartésiens, hymne malicieux à la vie et ses calembours, ces vrais faux sont faussement décalés et nous touchent vraiment dans le mille.