Soleil vert
Soleil vert se dévoile comme un témoignage de l'année 2020, une année marquée par la pandémie mondiale du Covid-19. Cette peinture à l'huile, une réinterprétation d'une œuvre du XIXe siècle, présente le portrait d'une vieille dame assise dans un fauteuil de style Empire. Les sourcils légèrement relevés et les yeux empreints de tristesse racontent une histoire de fatigue, s'étendant à l'humanité tout entière. Elle porte une robe noire à volants, peut-être un vêtement de deuil. Cependant, ce qui frappe immédiatement le spectateur, ce sont les rubans de signalisation qui encerclent cette figure. Sur ces bandes, un papier scotché porte l'inscription "NON ESSENTIEL".
Blase réalise cette peinture en 2020, une année où la pandémie a forcé une catégorisation des activités, distinguant celles qui sont indispensables de celles qui ne le sont pas.
Ces rubans aux rayures blanches et rouges, évoquant les zones de distanciation sociale imposées par la pandémie, enferment la vieille dame dans un espace où la frontière entre l'essentiel et le non-essentiel est devenue floue. Ces mêmes rubans étaient utilisés pour interdire l’accès aux espaces culturels dans les supermarchés, les seuls commerces ouverts. L'artiste fait également un subtil lien avec les personnes âgées, particulièrement vulnérables durant cette période. Confinées, elles ont fait face à une solitude accrue, une réalité qui marque déjà leur existence.
Le titre de l'œuvre, emprunté au film dont le scénario se déroule en 2022, suggère une vision dystopique et cynique. Blase capture l'essence de cette année, où la frontière entre l'essentiel et le non-essentiel est devenue floue, où la solitude a touché de nombreuses vies, et où le futur demeure incertain. L’artiste s’exprime alors sur les réseaux à l’époque “Beaucoup d'artistes, en plus de voir leur métier devenu non essentiel, se sont retrouvés dans une sorte d'auto-censure, et c'est bien normal de trouver obscène de s'exprimer quand on vit une crise pareille ; c'est comme faire une vanne pendant un enterrement ça demande beaucoup d'aplomb“.