PLANÈTE SAUVAGE
Planète Sauvage est une peinture à l'huile de la première moitié du XXe, détournée par Blase en 2018. Au premier plan, un enfant de trois-quart porte un regard vague vers l’horizon. Le fond, d'un bleu-vert profond, évoque immédiatement les tableaux ardoisiers familiers des salles de classe primaires.
Pourtant, ce qui saisit le plus le regard averti, c'est le message provocateur tracé à la craie derrière l'enfant. En lettres blanches criardes, il proclame sans ambages : "Papa est une putain". Cette déclaration audacieuse et choquante bouleverse toute attente en posant les bases d’une réflexion autour de la figure d’autorité, à commencer par celle du patriarche.
Cette émancipation radicale de la figure d'autorité peut être adroitement juxtaposée à l'expérience personnelle de Blase, qui, tout au long de sa vie, s'est efforcé de s'affranchir des contraintes du "qu'en dira-t-on ?", tout comme des conventions et des normes artistiques.
Le contraste s'intensifie encore davantage lorsque l'on relie la substance du message, d'une grossièreté percutante, à son mode d'expression, caractérisé par une écriture enfantine. Cette combinaison, mise en exergue par le regard insouciant de l'enfant, confère à l'ensemble de l'œuvre une atmosphère de “méfait” accompli, émanant d'un désir intrinsèque d'émancipation. Par le biais de son aversion viscérale pour toute forme d'autorité, l'artiste parvient à s'émanciper avec humour et disruption. Ses créations, à l'image de celle-ci, deviennent des manifestations d'une réflexion autoréférentielle, témoignant d'un désir profond de transgression des normes établies. L’enfant, qui donne l’air de ne pas savoir, intervient comme pièce contextuelle indispensable, offrant au spectateur une narration totalement renouvelée de la peinture originale, une sorte d’autoportrait. C’est justement l’inscription qui transforme l’identité de l’enfant, l’un ne va plus sans l’autre.